Convois EAH : Les membres racontent leurs convois au Cameroun

Convois EAH : Les membres racontent leurs convois au Cameroun

Ils sont partis au Cameroun du 13 au 22 février. Ils racontent même avoir pleuré à la fin de leurs convois humanitaires, marqués par une expérience humaine commune. Nous avons rencontré trois membres de EAH, Efrei Aides Humanitaires, pour qu’ils racontent leur expérience au Sénégal.

Nota bene : ces articles sur les convois de EAH ont été présentés dans les projets des numéros 117 et 118.

Vincent Dairien et Emna Touihri sont partis au Cameroun. Le convoi humanitaire organisé par Efrei Aides Humanitaires (EAH) dans le pays longé par un fleuve s’est déroulé du 13 au 22 février. Leur objectif ? Apporter des ordinateurs fonctionnels à des collèges et des lycées, afin de réduire la fracture numérique.

Emna Touihri

Vous êtes partis où au Cameroun ?

On est allés dans un village du nom de Bayangam, dans l’ouest.

Quelle a été ta réaction quand on t’a annoncé que tu allais au Cameroun ?

J’étais très contente, c’est une nouvelle que j’attendais depuis longtemps !

Emna portant un enfant © EAH

C’est une expérience que je voulais vivre depuis des années, pas forcément avec EAH. En 2016 j’ai commencé mes recherches, mais en 2017 quand j’ai été prise, je n’ai pas pu y aller à cause de problèmes personnels. Quand j’ai été prise avec EAH, c’était comme un rêve qui s’est concrétisé.

Pourquoi le Cameroun et pas le Sénégal ?

J’ai pas forcément choisi le Cameroun, c’est plus le bureau qui a choisi pour moi. Mais pour moi, peu importe le pays dans le monde, c’est la même raison pour laquelle je candidate, de visiter un pays dont on ne parle pas et rendre un service qui représente beaucoup.

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T’as pu aider à la préparation du voyage ?

J’ai aidé à mettre en place les palettes, l’installation des OS. Par contre, pour l’envoi des palettes, je n’ai pas pu venir car je devais renouveler mon passeport. Mais j’ai été mise au courant de tout. Au total, on a pu ramener 26 ordinateurs, dont un qui ne marchait pas.

Vous les avez installés où ?

Dans un lycée technique, qui a des filières préparant les élèves directement au monde du travail. Il a presque 1000 élèves et une petite salle informatique d’ordinateurs sous Windows XP. Ils avaient 8Go de RAM et Windows 10. Ils étaient très, très contents et reconnaissants.

Comment sont les gens là-bas ?

Ils sont très chaleureux, bienveillants, et savent très bien s’exprimer.

Vous avez été accueillis ?

On était très bien accueillis et accompagnés. On a eu la chance de devenir amis avec le directeur de l’hôtel dans lequel on était. Emmanuel, un lycéen qui nous accompagnait, le connaissait. On a eu la chance de côtoyer et apprendre des gens locaux.

Vous avez pu voyager ?

On a travaillé du lundi au vendredi. Le weekend, le lycée est fermé donc on a pu visiter les alentours. Notre chauffeur et Emmanuel
nous ont accompagnés. On a pu échanger et comprendre des choses sur la vie au Cameroun.

L’équipe du Cameroun © EAH

On a donc visité les grottes de Fovu, qui sont sacrées. On a visité une ville, Bafoussam, avec la chefferie du village. Chaque village a son chef, et on a pu le voir avec une de ses femmes. On a enfin vu les chutes de la Métché, liées au colonialisme français.

C’est pour ça qu’ils parlent français ?

Oui. Ils ont une culture francophone. Même leurs prénoms sonnent français, comme Damien, Emmanuel, Théo, Nestor, Apollinaire…

Vous avez donné des formations ?

C’était pas prévu, mais on est arrivés en période d’examens. Du coup, on a pu faire des formations pendant 2-3 jours, puis on a visité la maternelle, la primaire et un orphelinat. Même les directeurs n’ont pas d’ordinateurs. Ils font tout sur papier. On a amené des livres à la bibliothèque du lycée, des chouettes Efrei et des stylos aux élèves. Pour eux, c’est énorme.

On a fait des formations aux lycéens, pour le personnel sur le nouveau matériel, des activités avec les écoles et fait des dons pour un centre de soin. On a aussi donné des ballons de foot pour des équipes car là-bas, c’est toute une culture. Même les filles ont leur équipe !

Tu penses quoi de leur équipe féminine en comparaison avec la France qui a du mal avec le football féminin ?

Pour eux, le foot c’est sacré. C’est leur activité pendant la récréation, elles n’ont pas d’autre moyen pour jouer entre elles. Elles n’ont pas de téléphone ni internet pour se distraire.

Comment fonctionneront les PC alors ?

Le réseau fonctionne sous la 4G d’Orange, donc c’est impossible pour un lycée de payer ça. Ils ont 2300€ de budget par an, ce qui reste extrêmement faible pour 1000 étudiants. Leurs ateliers d’électronique et de menuiserie n’ont rien, si ce n’est un toit et 4 murs.

L’équipe du Cameroun © EAH

Tu penses que le Cameroun se développe à ce niveau ?

On ne peut pas juger car on était dans un village. Ils n’ont pas le concept des majuscules et minuscules sur un clavier, tandis que le monde avance avec l’intelligence artificielle. Il y a beaucoup d’écart, mais ils sont très motivés pour avancer.

Tu recommandes ce convoi ?

Oui. Ça nous permet de nous remettre en question, de découvrir l’autre, d’échanger et de se sentir utile. Ça permet de réduire l’écart entre nos deux mondes. C’est une expérience à faire au moins une fois dans la vie !

Vincent Dairien

C’était pas trop dur le retour ?

On est rentré ce lundi 24 (L’interview a été réalisé le 27 février 2020, ndlr.). Le voyage retour était un peu long, on a fait 6h de bus ce dimanche matin, on a pris l’avion à 23h, on est arrivé à 6h, on a repris l’avion à 14h pour arriver ici vers 18h.

C’était aussi épuisant votre semaine ?

Non. Le convoi était bien organisé, on avait juste le planning en tête. On avait des contacts sur place pour les logements et les transports. On a eu zéro souci, aucun sentiment d’insécurité.

Quelle était votre mission ?

On a ramené 26 PC dont un qui ne marchait pas (avec un écran), on en a donné un à notre contact sur place pour le remercier. Les 24 derniers on les a installés dans la salle qu’ils avaient préparés. Ils ont fait les tables et les multiprises eux-mêmes même si c’est pas très safe.

Pourquoi le Cameroun ?

Le pays m’intéressait, donc j’ai directement eu envie d’y aller. Le pays est très beau même si c’était la saison sèche et qu’il y avait un brouillard de sable constant. Mais le paysage, la nourriture, les gens, tout ça est super.

Vu qu’on était dans des terres reculées, on était plus en sécurité par rapport à Douala. Je suis parti avec Damien, le président d’EAH et Lou Gendron, qui sont dans ma promo.

Vincent donne un sac Efrei © EAH

Tu as aidé à préparer le voyage ?

Je me suis chargé de la préparation des PC, on s’y est pris bien en avance. La majorité d’entre eux viennent de l’Efrei, ce qui est assez rare car d’habitude on fait appel à des entreprises. On les a tous testés, la casse, l’humidité, des HDD sur lesquels on pouvait installer un OS (par exemple, certains PC avaient Mac installé dessus).

Comment sont les gens ?

Super accueillants, vraiment ravis de nous voir. Les enfants nous appelaient “les blancs”. C’était pas au point de nous gratter la peau comme au Sénégal, ils étaient un peu plus timides, mais restaient super chaleureux. La femme du chef, la directrice de l’orphelinat, le directeur du lycée, le gérant de l’hôtel, les enfants… Tout le monde était super accueillant ! Vu qu’on a apporté 4x leur budget annuel en PC, tout le monde venait nous aider, à démêler les fils, à apporter les tours…

Comment se sont passé les formations ?

Vu qu’on avait 13 claviers pour 24 ordis, il y avait 2, 3 voire 4 personnes par PC. Ils étaient tous très attentifs. Ils avaient aussi quelques vieilles machines avec les ports clavier et souris d’avant 2005.

Il y en avait donc certains qui avaient des notions, d’autres ne savaient pas utiliser une souris. On leur apprenait des raccourcis, comment écrire, les plus jeunes voulaient jouer sur Paint… Pour eux c’est important.

Pour toi, c’est un “convoi” ou un “voyage” humanitaire ?

La limite est assez floue dans notre cas. On fait un convoi humanitaire mais on a pu découvrir le pays et la culture. C’est aussi politique car pour eux, des étudiants français venus apporter leur aide, ils veulent que ça se renouvelle. Ce sera le cas.

Du coup, on a été invités chez le maire, on a eu des discours à faire, pour qu’on ait envie de revenir. D’autant plus qu’on est arrivés pendant la semaine des examens, on n’avait que le mardi pour faire les formations, sachant qu’on devait installer les PC lundi.

Que t’a apporté ce voyage ?

C’était très instructif, une très bonne expérience. On découvre le climat, l’environnement, la vie sur place. C’est un peu cliché de dire qu’ils ont rien et nous on donne tout, mais c’était un peu vrai. On prévoit déjà de revenir, car y aller une fois pour ne pas développer le reste, ça sert à rien.

L’équipe du Cameroun © EAH

C’est un de mes meilleurs voyages, une des meilleures expériences, et je sais que ça a eu un impact. Je suis en M2, je vais faire mon stage, et je compte faire un mois de mission solidaire à la fin.

On a un projet avec EAH, Planète Urgence, qui pourrait organiser une mission de un mois pour la SWIM. Pourquoi pas faire une mission en Asie Centrale ou en Amérique du Sud.

Est-ce que tu recommandes ce voyage malgré le fait qu’il t’ait énormément épuisé ?

C’est beaucoup d’organisation notamment car je suis du bureau et que je me suis occupé de la préparation, surtout en M2. Le voyage est fatiguant, mais on kiffe tellement qu’on s’en fiche.

Je le recommande fortement car ça fait ouvrir les yeux, on crée des liens. On était 5 au lieu de 8 car on a eu des soucis, mais au moins on était plus soudés. On a pu dîner avec la personne de Villejuif qui nous a aidé avec ce convoi.

Les conditions d’hygiène et de santé ne sont pas pareilles qu’en France. On doit faire des vaccins comme la méningite, la fièvre jaune, l’hépatite A et B, qui coûtent assez cher. Mais malgré tout, il faut le faire, c’est une expérience unique qu’on ne peut pas vivre en France.

Convois EAH : Les membres racontent leurs convois au Sénégal

Convois EAH : Les membres racontent leurs convois au Sénégal

Ils sont partis au Sénégal du 13 au 22 février. Ils racontent même avoir pleuré à la fin de leurs convois humanitaires, marqués par une expérience humaine commune. Nous avons rencontré trois membres de EAH, Efrei Aides Humanitaires, pour qu’ils racontent leur expérience au Sénégal.

Nota bene : ces articles sur les convois de EAH ont été présentés dans les projets des numéros 117 et 118.

Camille Paoletti, Aïda Lucie Ndour et Nathan Pruvost sont partis au Sénégal. Le convoi humanitaire organisé par Efrei Aides Humanitaires (EAH) dans le pays longé par un fleuve s’est déroulé du 13 au 22 février. Leur objectif ? Apporter des ordinateurs fonctionnels à des collèges et des lycées, afin de réduire la fracture numérique.

Camille Paoletti

Vous êtes partis où au Sénégal ?

On est arrivés à Dakar en avion, puis le 1er village qu’on a fait était Falia, notre point de rapatriement. On est ensuite allés à Diogane. On est restés 9 jours au pays.

Quelle a été ta réaction quand on t’a annoncé que tu allais au Sénégal ?

J’étais super contente, vraiment. Avec la Sep on a beaucoup de boulot donc ça nous fait un bol d’air frais. J’ai toujours voulu faire ce convoi.

Camille au Sénégal
Camille Paoletti, à droite, au Sénégal © EAH

Pourquoi le Sénégal et pas le Cameroun ?

Je connaissais Inès qui était déjà partie au Sénégal. Vu que EAH est allé au Sénégal l’année dernière, j’ai pu avoir un retour d’expérience des membres. J’ai aussi une amie Sénégalaise qui m’a parlé de son pays. Mais lors de l’entretien, même si j’avais une préférence pour le pays, le Cameroun m’allait aussi.

À LIRE AUSSI : Petit déjeuner de EAH pour deux convois humanitaires

Comment s’est passée la mission ?

On est allés dans les deux mêmes écoles que l’année dernière. On nous a emmené dans deux salles de cours différentes. À Falia, c’était une salle de primaires avec quelques ordinateurs sous Windows XP. La salle était dans un état critique : des feuilles partout, des murs abîmés…

Ils ont amené le courant dans la salle et on a pu installer les ordis. On a aussi demandé au peintre attitré du village qu’on puisse repeindre la salle. On a fait des petits dessins et on a pu mettre des traces de nos mains sur un mur. Le peintre a aussi remercié EAH en faisant une fresque.

T’as aidé à préparer le voyage ?

Inès (respo convois) et Damien (président) nous ont donné rendez-vous pour préparer les ordinateurs et vérifier leur état. Cette année, contrairement à l’année dernière, on a installé les OS en avance. On a aussi pu se rencontrer à ce moment. Je n’ai pas pu assister au départ de la palette, par contre.

Comment sont les gens là-bas ?

Ils sont adorables ! Très accueillants, c’est vraiment un esprit de famille. On avait l’impression d’être intégrés et valorisés. Le village entier est venu nous accueillir, très élégants, et en musique !

On a pu faire un discours, ainsi que la dame de l’asso de Villejuif qui nous a aidé à préparer les convois. Elle nous a accompagné dans nos chambres à Dakar et nous a présenté du monde à Falia, car c’est son village de naissance.

Et les enfants ?

En arrivant à Falia, on a pu jouer avec eux. J’ai l’impression qu’ils n’avaient jamais vu de blancs, ils essayaient de nous gratter la peau et nous faisaient des bisous ! Ils ont aussi beaucoup de recul sur la situation au Sénégal (conflits, l’intérêt de notre venue, ce que les adultes veulent changer…)

Vous êtes arrivés les clés en main, donc

Oui, on avait tout à disposition. Les planifications étaient déjà faites, on savait quoi faire. Vu qu’il n’y avait pas d’électricité sur place, l’asso de Nabou (la dame de Villejuif) s’est engagée à payer l’électricité sur un an.

Dans l’autre village, il y avait un panneau solaire qui alimentait 6 PC, les 6 autres étant à Falia. On a aussi donné 3 ordis à des profs.

Vous avez pu voyager ?

On a visité Dakar, des spots touristiques dont une statue offerte par le gouvernement chinois au Sénégal. D’ailleurs, ces cadeaux ont fait l’objet de détournement de fonds. On a aussi les parents d’Aïda Ndour, une M1, qui a étudié au Sénégal jusqu’au lycée, qui nous ont invités à dîner. On était 8 étudiants à venir, et on a encore vu cet état d’esprit de famille et d’accueil.

L'équipe du convoi au Sénégal en train d'installer les ordinateurs
L’équipe du convoi sénégalais © EAH

On voyageait en pirogue ou en charette. On a visité beaucoup de villages comme ça, dont les chefs de villages qui nous ont accueilli.

Et enfin, le dernier jour, on a pu faire de l’accro-baobab. Ils étaient pas très hauts, mais y’avait des parcours super compliqués. Ça nous a permis de relâcher toute l’émotion du voyage.

Hormis l’installation des PC, quelle était votre mission ?

On a pu donner des cours aux élèves qui ne savent pas forcément utiliser un clavier. On a aussi un plan, de se cotiser pour une fille handicapée dont le fauteuil roulant était cassé. On va lui en acheter un autre, à 120€, et la famille d’Aïda pourra lui apporter.

Tu recommandes ce voyage ?

Absolument. C’est une expérience humaine importante qui nous permet de nous ouvrir. Tous les enfants n’ont pas internet, de téléphone, accès à l’actualité et à une économie décente. Puis avec les aides, le voyage n’est pas trop cher.

Aider ces pays a un impact considérable à leur échelle. Je pense que c’est important de se rendre compte des petites choses de la vie, qui nous paraissent minimes mais qui sont importantes là-bas, comme utiliser une souris d’ordinateur ou l’accès à la santé.

Un exemple de leçon à apprendre des filles sénégalaises, est qu’elles utilisent des protections hygiéniques réutilisables et adaptées à leur contexte de vie. Cependant, l’école manque de toilettes pour laver ces protections.

Aïda Lucie Ndour et Nathan Pruvost racontent leur convoi au Sénégal

Vous êtes déjà partis au Sénégal ?

Nathan : Je ne suis jamais allé en Afrique. C’est un voyage que j’attendais beaucoup, je n’ai pas été déçu.

Aïda : Moi, je suis franco-sénégalaise donc je suis née et j’ai grandi là-bas.

Pourquoi vouloir aller au Sénégal ?

Aïda : J’adore l’humanitaire et j’ai jamais fait aucune action dans mon pays. Je connais la culture, je savais ce qui se passait dans les villages, mais je n’avais rien fait pour aider. Je viens de Dakar.

Nathan : Quand on m’a demandé, je n’avais pas de préférence, même si on retournait au Sénégal.

L’équipe de EAH au Sénégal © EAH

Vous avez réagi comment quand on a annoncé vos pays ?

Nathan : J’étais vraiment content ! J’avais vraiment envie d’être pris pour vivre cette expérience.

Aïda : Pareil, j’étais trop contente !

Vous avez aidé à préparer le voyage au Sénégal ?

Nathan : On a préparé les PC, installé les OS, et d’autres choses perso comme des logiciels sur des clés USB et imprimer des document.

Vous avez installé les logiciels sur place avec la clé USB ?

Nathan : Oui. Je leur ai donné cette clé pour qu’ils puissent les mettre sur leurs ordinateurs. Dans le 2e village où on est allés, ils ont des ordinateurs portables donc ils pourront installer ça dessus quand ils voudront. On leur a installé Windows 10, donc quand ils auront internet, ils pourront avoir les dernières mises à jour.

Aïda, vu que tu es sénégalaise, est-ce que la vie est pareille entre les villages et Dakar ?

Aïda : J’ai vraiment vu les inégalités avec Dakar. J’étais plutôt bien dans ma position, j’avais pas de problème avec l’informatique. En les écoutant, on apprend qu’ils n’ont pas accès à tout ça, et que c’est quelque-chose d’important pour eux.

J’avais conscience de ces inégalités, mais le fait de le voir de mes propres yeux permet de vraiment le constater. Par exemple, il n’y a pas de toilette dans les écoles. Ça m’a motivée de continuer à aider dans l’humanitaire, et ça nous a tous touchés. On a tous lâché une petite larme à un moment.

Nathan : Ça m’a motivé moi aussi, ça m’a remis en question et je me suis demandé comment aider. Ça nous a tous donné envie de retourner faire d’autres actions

Comment sont les gens au Sénégal ?

Nathan : On a été super bien reçus. Au niveau de l’accueil et du rapport aux autres, c’est vraiment quelque-chose d’incroyable. Faut aussi qu’on réussisse à garder le lien avec eux. Il y a une sorte d’euphorie quand on était avec eux, mais il ne faut pas qu’on relâche tout à la fin.

Aïda : Le Sénégal est un pays d’accueil. On est connus pour être très ouverts. Mais là, c’était accueil ++. Y’avait une cérémonie, tout le monde était super gentil avec nous. Tout le monde était vraiment super.

Vous avez fait des voyages ?

Aïda : On a fait un jour à Dakar, une visite à l’Île historique de Gorée. Vu qu’on travaillait sur deux villages, les voyages en charrette duraient plus ou moins une heure, et on pouvait voir des paysages. À part ça, pas grand chose.

Nathan : On n’était pas là pour les voyages, on était occupés tous les jours. Après, on a pu visiter l’île qui parlait d’esclavage et c’était assez marquant, d’autant plus dans un contexte de convoi humanitaire.

On y va pour donner de sa personne, pour apporter quelque chose. Le pays a été colonisé deux fois par la France, par les Pays-Bas, par l’Angleterre, par le Portugal… Avoir ce côté historique nous a donné conscience de l’histoire du pays.

Nathan, en tant que français parti au Sénégal, est-ce que tu avais des a priori, des peurs ?

Nathan : Pas vraiment. Leur situation sur place ne semble pas avoir de problème de sécurité, ou du moins je ne l’ai pas ressenti. Pas de résidu de tension, de relation malsaine. Les échanges ont évolué dans le bon sens. Mais c’est une expérience sur plein d’autres.

Aïda, toi qui est à moitié sénégalaise, est-ce que tu as senti une évolution ?

Aïda : Ça a toujours été comme ça, le Sénégal a gardé de bonnes relations avec la France. Y’a eu quelques tensions au niveau gouvernemental, mais c’est pas une question de population, on est tous ensemble et on fait avec.

Qu’est-ce que vous avez pu faire pendant le projet ?

Nathan : En arrivant à Falia, on a appris qu’il n’y avait pas d’électricité. On a dû mettre la pression sur le corps administratif pour leur faire comprendre que si on installait des PC, c’était pas pour 2 semaines.

Ils ont réagi derrière, et ils ont amené l’électricité dans une autre salle pour ordinateurs. En plus des installations et des formations.

Malgré la chaleur, la fatigue, vous recommandez le convoi au Sénégal ?

Nathan : On a tenu 10 jours et oui, je suis fatigué. Mais si tu m’avais dit dès le départ qu’on irait 2 mois, je les aurai tenus sans problème. Oui c’est épuisant et fatiguant, mais je recommande à fond le convoi.

Aïda : J’ai pu faire ma guide touristique, et ça m’a apporté beaucoup. Je me suis sentie utile. J’ai envie de continuer à aider même si c’est épuisant. Mais ça a payé depuis : le taux de réussite a énormément augmenté en un an.

Petit déjeuner de EAH pour deux convois humanitaires

Petit déjeuner de EAH pour deux convois humanitaires

HALL TRUONG – Efrei Aides Humanitaires (EAH) prévoit ses convois bien en avance. Ce mercredi 2 octobre, l’équipe réunissait ses membres pour organiser son petit déjeuner annuel. Rencontre avec Damien Lebret, président de EAH, et Inès Elkaoukabi, vice-présidente des convois.

Le petit déjeuner de EAH du mercredi 2 octobre
Photo : EAH lors de leur petit déjeuner d’octobre 2019

Un petit déjeuner de bon augure

Efrei Aides Humanitaires, ou EAH pour faire simple, a organisé un petit déjeuner ce mercredi 2 octobre. Au menu : jus de fruit, thé, tartines, fruits, chocolati… viennoiseries, et deux convois humanitaires. En effet, EAH organise chaque année un petit déjeuner pour promouvoir deux voyages humanitaires à l’étranger. Cette année ne fait pas exception : l’équipe partira au Sénégal et au Cameroun.

Une quinzaine de membres sont venus aider l’association à organiser ce petit déjeuner d’exception pendant plus de trois heures. Finalement, une vingtaine de personnes ont exprimé leur intérêt pour les convois, dont certains organisateurs eux-mêmes. Beaucoup de personnes intéressées par l’asso sont aussi venues. Mission réussie pour ce petit déjeuner : EAH a énormément gagné en visibilité.

Si on ne faisait pas de petit dej’, beaucoup d’élèves ne seraient pas au courant qu’on fait des convois.

Inès Elkaoukabi, vice-présidente convois
Photo : EAH lors de leur petit déjeuner d’octobre

Leur stratégie est de viser gros en début d’année. Les nouveaux et nouvelles sont ainsi visés, la communication sur les réseaux étant davantage orientée vers les anciens.

Malgré la vingtaine de prétendants, seulement 6 par destination vont pouvoir venir, 8 tout au plus. « Sur les 20, on aura des déçus, mais pas mal viennent d’arriver à l’Efrei. Ils pourront surtout postuler de nouveau l’année prochaine », nous confie Inès. « S’ils s’intéressent aux convois, ils peuvent aussi nous aider à l’organisation ».

Préparer un voyage humanitaire, une démarche fastidieuse

Comme à chaque année, EAH installe des infrastructures informatiques dans des écoles. « Comme on est dans des villages assez reculés, on n’a pas des classes à proprement parler. Certains élèves peuvent avoir 10 ans d’écart. Néanmoins, ils sont tous intéressés par le fait qu’il y ait des ordinateurs » nous dit Inès.

Cette année, c’est un collège du Sénégal et un lycée du Cameroun (dont des collégiens) qui pourront en bénéficier. Au Cameroun, l’école se trouve à 1/2 journée de Douala. Le collège au Sénégal se trouve lui à 1 jour de route de Dakar. Les convois promettent donc d’être de sacrées expériences.

L’année dernière, l’équipe partait pour Madagascar et aussi au Sénégal, dans un village voisin de celui de cette année. Ils ont pu rencontrer une dame s’occupant des jumelages et d’associations caritatives à Villejuif. « On a ainsi trouvé un accord ensemble pour installer des ordinateurs au Sénégal », explique Damien, président de EAH.

Photo : EAH

Cette année, faire en sorte de garder le contact

Pour le Cameroun, la démarche a été similaire. « Un an plus tard, nous revenons au même comité où nous avons rencontré l’autre dame. C’est une dame qui s’appelle Brigitte. […] Ce qui nous a convaincu par son asso, c’est la maturité de ses projets et de ce qu’ils faisaient sur place. »

Les convois, par le passé, on les choisissait plutôt au feeling. Nous, depuis quelques temps, ce qu’on aimerait faire c’est d’installer des infrastructures de façon pérenne. Faire la maintenance et revenir dans ces destinations chaque année est assez important.

Inès

L’équipe s’intéresse tout particulièrement à ces associations caritatives déjà implantées dans des pays. La sécurité des membres passe avant tout. C’est pour cela qu’ils contactent davantage des associations de Villejuif ayant de l’expérience en Afrique.

Jusque-là, c’était plutôt l’inverse qui se passait, la prise de contact se faisant sur le tas. L’année dernière, c’était les connaissances des membres qui préparaient le terrain. Pour Madagascar, le convoi a pu se faire car la trésorière de l’époque connaissait du monde sur place. Cette année, l’équipe veut garder une certaine pérennité dans ces missions.

Des ordinateurs fragiles à transporter

Deux membres de EAH installant des ordinateurs, mars 2019. Photo : EAH

Une vingtaine d’ordinateurs seront envoyés dans chaque destination. « On veut être sûrs qu’au moins 15 ordinateurs fonctionnent, donc on se donne une marge d’erreur de 5 ordinateurs. Les ordinateurs viennent par palettes, et chaque année on en a qui ne tiennent pas le choc. »

L’équipe prépare en amont chaque machine. Rien qu’en juin dernier, elles étaient déjà testées par l’équipe. BIOS, disque dur, alimentation, RAM… Ils passent tout au peigne fin pour ne pas avoir de mauvaise surprise.

On prépare des PC remis à zéro, avec plus rien dessus. On installe Windows dessus et ils sont prêts à être envoyés.

Inès

Préparer les membres à fond pour un voyage de dix jours

Les convois se dérouleront pendant les vacances d’hiver. Ils devraient ainsi durer une dizaine de jours, et impliquent de déborder légèrement sur la semaine précédente. Ils auront lieu du 13 au 23 février.

Cette année les missions se déroulent un peu plus tôt que les anciennes. L’Île-de-France a en effet droit aux premières vacances d’hiver, contrairement aux fois précédentes. L’année dernière, les convois se finissaient le 10 mars. Ainsi, ils pourront éviter au maximum que les dates tombent sur des partiels.

L’avantage de choisir les vacances d’hiver, c’est que les deux contacts des associations caritatives de Villejuif pourront potentiellement accompagner les membres. Sinon, quelques personnes ayant déjà fait des convois pourront venir.

Photo : La team EAH au Sénégal en mars 2019

L’équipe devrait se composer, en effet, majoritairement de personnes n’ayant jamais fait de voyage humanitaire. Après les entretiens qui se passeront avec les personnes motivées, la sélection sera donc orientée en fonction de si la personne a fait un convoi ou non.

Le plus gros du travail est déjà fait

Si les ordinateurs sont déjà prêts, l’équipage ne l’est pas. « Le plus gros truc qu’il nous reste c’est de constituer les équipes. Sinon, on a toujours quelques petits trucs à finir avant de partir. Ça serait cool que l’équipe puisse nous aider avec ça », nous confie Inès.

Mis à part l’organisation de l’équipage, il ne reste plus grand chose. Le choix des destinations est fait, les logements sont réservés, les contacts sont échangés… Dans les grandes lignes, tout est bon.

L’année dernière j’ai participé à un convoi organisé au dernier moment. […] Les 3 dernières semaines étaient décisives : on n’avait pas encore envoyé nos PC, on n’avait pas installé les OS, on a du faire du boulot quand on était déjà au Sénégal… C’était pas évident, je souhaite ça à personne. Cette année, on veut que tout le monde puisse apprécier le voyage

Inès

Ce qui reste à la charge de chaque étudiant sont les billets d’avion et tout ce qui est de l’ordre du médical. Il y a, bien évidemment, des vaccins à faire en amont, qui peuvent facilement se faire rembourser. Cependant, il y a une petite chose qui change la donne avec les billets. Une partie du billet peut être déductible (jusqu’à 60%) d’impôts car le remboursement à l’asso est considéré comme un don caritatif. De quoi faire réduire la note !

Une expérience à ne pas rater

Car oui, mis à part le fait d’apprendre à installer des ordinateurs, le convoi permet à tout le monde de voyager dans un beau pays. Chaque année, les membres de EAH peuvent rencontrer des jeunes et leur partager leurs connaissances en informatique. En échange, les membres apprennent la culture sur place.

Au Sénégal, les habitants nous apprenaient à pêcher. On a aussi visité la capitale pendant une journée, mais le reste c’était full humanitaire. Après, on était surtout là pour les enfants, donc on était contents. […] Sinon, l’année dernière, on a fait du jet-ski et du quad au Sénégal *rires*.

On a aussi débloqué une petite somme pour acheter des ballons de foot, des frisbees et des stylos aux enfants, c’était vraiment cool. L’école les ont gardés pour motiver les enfants à venir en cours, plutôt que d’aider leurs parents à travailler

Inès
Photo : Membre de EAH avec des enfants

Damien nous avoue qu’il a un faible pour le Cameroun. « Je ne suis pas encore parti en voyage humanitaire, l’année dernière j’ai choisi de ne pas participer aux convois. Cette année, je pense venir au Cameroun, le pays m’attire vraiment ».

Inès, quant à elle, préfère laisser sa place. « Comme je suis déjà partie au Sénégal, si je constate qu’il y a plus de place, je ne partirai pas. Puis, c’est pas plus mal de laisser quelqu’un en France qui peut gérer les deux convois en même temps. »