
La France sous l’œil sur FMI ?
La dégradation de la note française par l’agence Fitch en septembre 2025, combinée à l’instabilité politique récente, soulève des questions sur l’avenir économique de la France. Pourtant, le nouveau gouvernement de Sébastien Lecornu, formé le 12 octobre, et la résilience des marchés financiers démontrent que le pays dispose encore de solides marges de manœuvre.

Comprendre les termes : petit guide de la finance
Le FMI (Fonds Monétaire International) est une organisation internationale qui prête de l’argent aux pays en crise financière. En échange, il impose des réformes strictes : baisse des dépenses publiques, privatisations, réformes structurelles. La Grèce, sous assistance du FMI de 2010 à 2018, a dû accepter des coupes budgétaires drastiques en échange de 139 milliards d’euros de prêts.
Les OAT (Obligations Assimilables du Trésor) sont des emprunts d’État français. Les investisseurs prêtent de l’argent à la France contre des intérêts réguliers. Au 14 octobre 2025, le taux de l’OAT 10 ans s’établit à 3,40%, en baisse de 0,09 point sur le dernier mois.
Le CAC 40 regroupe les 40 plus grandes entreprises françaises cotées en bourse. Il mesure la santé économique du pays et s’établit autour de 7 920 points mi-octobre 2025.
Les agences de notation (Fitch, S&P, Moody’s) évaluent la capacité des pays à rembourser leurs dettes en attribuant des notes de AAA (excellent) à D (défaut). Fitch a dégradé la France de AA- à A+ en septembre 2025, signalant une perception accrue du risque.

La dégradation Fitch : un risque maîtrisé
La décision de Fitch de dégrader la note française en septembre 2025 repose sur la « fragmentation et polarisation croissante » du paysage politique, qui « affaiblit la capacité du système politique à mettre en œuvre une consolidation budgétaire ».
Cette dégradation était largement anticipée par les marchés. Le taux de l’OAT française à 10 ans reste stable à 3,40% mi-octobre, même légèrement en baisse sur le mois. Les établissements bancaires avaient déjà ajusté leurs positions face à cette montée du risque.
Le vrai rendez-vous : Moody’s et S&P
Le calendrier devient crucial avec les prochaines décisions des deux autres grandes agences. Moody’s rendra son verdict le 24 octobre 2025 et S&P le 28 novembre 2025. Ces deux agences maintiennent encore une note en « double A » pour la France.
Une double dégradation aurait des conséquences plus marquées qu’avec Fitch. Les cadres réglementaires bancaires (Bâle III) utilisent ces notes pour quantifier le risque : une perte du « double A » pourrait limiter les banques, surtout hors zone euro, dans le financement de l’État français. Certains fonds d’investissement aux mandats « investment grade core » pourraient également devoir réallouer leurs actifs.

Le FMI : une menace encore lointaine
Malgré les difficultés, l’intervention du FMI reste un scénario peu probable. Pierre Olivier Gourinchas, économiste en chef du FMI, l’estime envisageable « ni demain, ni après-demain ». (le figaro)
Un pays peut faire appel au FMI lorsqu’il fait face à l’une de ces quatre types de crises : liquidité, solvabilité, crédibilité ou capacité politique. La France n’est dans aucun de ces cas actuellement. Elle peut encore financer sa dette, même si cela coûte de plus en plus cher. Une intervention du FMI sur la septième économie mondiale serait un signal catastrophique pour la zone euro.
Le CAC 40 : une bourse résiliente
Les marchés financiers français font preuve de stabilité. Le CAC 40 oscille autour de 7 920 points mi-octobre 2025, avec une variation modérée de -1,74% sur 5 jours. Cette résilience s’explique par plusieurs facteurs.
La baisse des taux directeurs de la BCE, désormais à 2% contre 4,5% en mai 2024, incite les investisseurs à chercher des rendements plus attractifs sur les marchés actions. Le contexte géopolitique mondial favorise également le secteur industriel et de la défense, piliers de l’économie française.

Les défis à relever
La France doit maintenant démontrer sa capacité à adopter un budget crédible pour 2026. Le nouveau gouvernement Lecornu dispose de quelques semaines pour convaincre les marchés et éviter de nouvelles dégradations par Moody’s et S&P.
La croissance économique française reste modeste à 0,8% sur un an contre 1,5% dans l’Union européenne. Le vieillissement démographique exerce une pression croissante sur les dépenses sociales. Ces défis structurels nécessitent des réformes, désormais possibles avec un nouveau gouvernement.
« Toutes les instances européennes regardent attentivement l’évolution actuelle et espèrent vivement que des chemins seront trouvés pour respecter les engagements internationaux, notamment en matière de soumission de budgets. »
Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE)
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